Audiodescription réalisée par l’association Accès-Cité
Trois paysages peuvent être observés à Fleury-sur-Orne. On allant d’est en ouest, on identifie un plateau dont l’altitude varie entre 30 et 65 m en allant du nord au sud. Le sol est en partie couvert de loess et a longtemps été exploité par de grandes cultures. L’urbanisation est en train de transformer ce paysage. Orienté vers l’ouest, le versant de la vallée de l’Orne constitue un autre paysage. Au nord, le talus est abrupt ; ce sont les coteaux de Fleury-sur-Orne. Au sud, la pente est plus douce et porte des prairies et des cultures où se développe également l’urbanisation. Le méandre de l’Orne forme la limite ouest de la commune, enfermant une cuvette à 5 m d’altitude. Une partie est très humide et forme le marais. Longtemps occupée par des prairies naturelles, cette partie basse du territoire a été mise en culture (céréales, lin, miscanthus, etc.) et reboisé par des peupliers.
Le peuplement de la commune s’est fait autour de deux pôles : sur le plateau, le village étoilé et regroupé autour de l’église de Saint-Martin de Haute-Allemagne à partir du XIe siècle au moins et, en bas du versant, un village linéaire desservi par Notre-Dame de Basse-Allemagne à partir de la même époque. Dans les deux cas, les formes sont justifiées par le relief et l’accès à l’eau souterraine. Deux cimetières mérovingiens, des découvertes antiques et la mise au jour récente de grand tombeaux néolithiques sont là pour nous rappeler que l’implantation humaine est très ancienne dans la commune.
L’agriculture, l’élevage et l’artisanat ont longtemps constitué les grands domaines d’activité humaine dans cette commune rurale. Rien d’exceptionnel ici. Cependant, la présence de la Pierre de Caen, calcaire bathonien fin et réputé en tant que pierre à bâtir, explique une activité carrière considérable et pérenne depuis le XIe siècle jusque dans les années 1960. La pierre est souvent exploitée en souterrain, d’abord à partir des coteaux et ensuite par puits à partir du plateau. A partir du milieu du XIXe siècle, on y produit également de la chaux, dans le cadre d’une activité industrielle révolue. Notons également, en lien direct avec les carrières souterraines, une activité abandonnée il y a peu, celle des champignons de souche. Elle employa des dizaines d’ouvriers et a été abandonnée car il est économiquement plus raisonnable de produire en Pologne et aux Pays-Bas… Une autre industrie créée dans la deuxième moitié du XIXe et abandonnée dans les années 1961 est celle d’une brasserie.
L’Orne et le marais constituaient une barrière naturelle qui pouvait être franchie par un bac et un gué de fond d’estuaire au niveau d’Athis. Ici, une voie antique traversait le fleuve ; le gué a été rendu célèbre par le massacre des barons révoltés contre le Duc Guillaume en août 1047. Défaits par les troupes du duc et celles du roi de France Henri 1er lors de la bataille du Val-es-Dunes, les rescapés en déroute tentent de fuir vers l’ouest en cherchant à passer l’Orne. La description du massacre et le détail des corps bloquant le fonctionnement du moulin de Bourbillon sont restés célèbres. Nous allons garer nos voitures sur cette voie et le gué d’Athis est à son extrémité.
Quel était le paysage des marais à cette époque ? Il est difficile de répondre car nous manquons d’informations. Cependant, nous en avons beaucoup plus pour la fin du Moyen Âge grâce à un plan de 1477. Ce document exceptionnel nous montre la boucle du méandre découpée en parcelles agricoles de manière très organisée avec une partie contrôlée par l’abbé de Saint-Etienne de Caen qui perçoit les redevances du bac d’Athis. Cette organisation est apparue à une date que nous ne connaissons pas et qui pourrait être autour du XIe siècle.
Enfin, il reste une dernière curiosité liée au gué. Beaucoup d’historiens pensent qu’une garnison d’Alamans était affectée à la surveillance du gué d’Athis vers le IVe siècle. La présence de ces troupes d’origine germanique expliquerait l’ancien nom de la commune, Allemagne attesté dès le XIe siècle. Cependant, tous les historiens ne sont pas du même avis et certains pensent que ce nom original pourrait être lié à un domaine antique ayant appartenu à un soldat romain portant le sobriquet d’Alemanus en raison de son affectation en Germanie.
Ce nom millénaire d’Allemagne a été abandonné le 12 avril 1917 après une décision du conseil municipal du 23 août 1916 qui a opté pour un hommage au village de Fleury-devant-Douaumont détruit lors de la bataille de Verdun, en 1916. Dès le début de la Première Guerre Mondiale, le nom de leur commune est devenu insupportable par les habitants qui s’entendent régulièrement traités d’Allemands.
- Liens sur le site du conservatoire et photos
- Conservatoire national botanique
- Groupe ornithologique normand