Audiodescription réalisée par l’association Accès-Cité
Le gué et le bac d’Athis
Au cours du premier millénaire, il n’y avait pas de barrage sur l’Orne et l’influence de la marée s’exerçait au niveau d’Allemagne et quelques kilomètres en amont. La traversée du fleuve n’était facile, à pied ou à cheval, que par des gués de fond d’estuaire tels que celui qui est situé sur une voie antique passant par l’actuelle Fleury-sur-Orne et Athis. Des historiens pensent qu’une troupe d’Alamans gardait ce gué ; ces derniers seraient à l’origine du nom d’Allemagne. Le passage a été probablement maintenu jusqu’à l’an Mil.
La bataille de Val-es-Dunes
Pendant la première moitié du XIe siècle, une chaussée et un moulin sont construits à Bourbillon, au pied d’Allemagne. En août 1047, les barons du Bessin et du Cotentin, en rébellion contre le jeune duc Guillaume, sont défaits à la bataille de Val-ès-Dunes, à une dizaine de kilomètres à l’est. Les troupes du duc et celles du roi de France Henri 1er sont vainqueurs. D’après Wace, dans Le Roman de Rou, en se repliant vers leurs terres, ils sont bloqués par l’Orne entre Fontenay et Allemagne. Rattrapés par les troupes ducales, ils sont massacrés et leurs corps ont bloqué le moulin de Bourbillon. Wace ne mentionne pas le bac d’Athis.
Un passage à péage
Quel était le paysage des marais à cette époque ? Il est difficile de répondre car nous manquons d’informations. Cependant, nous en avons beaucoup plus pour la fin du Moyen Âge grâce à un plan de 1477. Ce document exceptionnel nous montre la boucle du méandre découpée en parcelles agricoles de manière très organisée avec une partie contrôlée par l’abbaye de Saint-Etienne de Caen qui perçoit les redevances du bac d’Athis. Cette organisation est apparue à une date que nous ne connaissons pas et qui pourrait être autour du XIe siècle.
La construction d’un moulin à Bourbillon a entraîné le besoin d’un bac au niveau d’Athis. En 1059, Guillaume donne à l’abbaye de Saint-Etienne les domaines de Cheux, Rots, Allemagne, Dives et Cabourg. Le droit de passage du Bac d’Athis fait probablement partie des privilèges octroyés. Ce droit est mentionné régulièrement à partir du XVe siècle. A cette époque, l’abbaye de Saint-Etienne possédait un manoir le long du chemin d’Athis, rive droite, contrôlant le bac et son péage.
Depuis la fin du XVe siècle, le droit de Bac est affermé. Ce péage est perçu par un fermier qui – en échange paie une redevance à l’Abbaye de Saint Etienne.
Tarifs fin XVIIe :
1 sol = 12 deniers
Par homme de pied : 2 deniers
Par homme de cheval : 6 deniers
Par charrette de 4 ou 5 chevaux ou par carrosse : 5 sols
Par mouton ou porc : 1 denier
Par bœuf ou vache : 4 deniers
Ce droit est perdu à la Révolution mais un bac est toujours nécessaire pour éviter un détour d’une dizaine de kilomètres.
De l’autre côté du gué
Il ne reste aujourd’hui qu’une ferme. Une paroisse existait auparavant : Athis avec son port.
Au XIXe siècle le bac fonctionne toujours, géré par un particulier contre un loyer.
Nous savons qu’en 1833 le chemin en mauvais état gêne le passage.
En 1843, le bac est coulé depuis 2 ans, les usagers font un détours de 10 km.