11 – L’Eglise Notre-Dame des Champs
Audiodescription réalisée par l’association Accès-Cité
L’église de la Basse-Allemagne : Notre-Dame des Champs
L’édifice se compose actuellement d’un clocher roman, bâti à partir de la fin du XIe siècle, entouré d’un cimetière, et d’une nef néo-gothique datant du Second Empire (milieu du XIXe siècle). L’église est entièrement construite en pierre de Caen certainement issue des carrières d’Allemagne. Le clocher se compose d’une tour carrée à trois niveaux, surmontée d’une pyramide en pierre à quatre pans. Il est classé monument historique en 1913. Notre-Dame des Champs se situe dans la partie basse de Fleury-sur-Orne, près du chemin menant au bac d’Athis. Son clocher est la construction la plus ancienne de la commune.
L’église de Basse-Allemagne est entourée par un cimetière romantique très original. On y découvre un nombre important de tombeaux monolithiques (taillés dans un seul bloc de pierre d’Allemagne). Les sépultures datent principalement du XVIIIe et XIXe siècle. Certaines ont souffert du temps et de la dégradation des hommes. Il subsiste cependant des bas-reliefs et des inscriptions, témoignages d’un passé cultuel. Par exemple, nous lisons sur la tombe de Charles Lemière : « Sieur d’Allemagne, Seigneur des Carreaux, décédé en 1884 ». D’autres monuments portent des bas-reliefs mortuaires, symboles typiques du XVIIIe siècle. En 1918, en raison du manque de place dans le cimetière de Saint Martin, le conseil municipal décide que les inhumations se feront ici pendant 5 ans.
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, cette partie de la commune est habitée principalement par les aristocrates, les notables, les riches fermiers et les agriculteurs aisés, possédant de grandes propriétés et des terres en contre-bas de la partie la plus peuplée de la commune. Là, l’église Saint-Martin au milieu de la Haute-Allemagne, rassemble davantage de fidèles, d’origine souvent plus modeste (ouvriers, journaliers, carriers, dentellières…). Les clivages sociologiques et la rivalité croissante entre les deux églises de la paroisse pour la primauté du culte ont été la source de nombreux problèmes et ont plongé la ville dans une longue histoire de querelles de clochers qui commence avant le début du XVIIIe siècle. En 1737, le curé confectionne un recueil de copie d’actes pour montrer que les deux églises sont aussi anciennes l’une que l’autre. Au XVIIIe siècle, les autorités montrent le souci de traiter les deux entités de manière équitable. Ainsi, en juillet 1771, il est procédé au baptême de deux cloches, Anne Françoise à Saint-Martin, et Marie Charlotte à Notre-Dame[1]
[1] -Archives paroissiales, non classées et archives municipales, dossier culte.
Le clocher de Notre-Dame
En 1913, le clocher est classé monument historique. Au premier niveau, une arcade en plein cintre, ornée de billettes rectangulaires abrite la porte du clocher. L’entablement qui marque la séparation entre le 1er et le 2e niveau présente une frise avec des motifs géométriques, que l’on retrouve entre les 2e et 3e niveaux.
Le 2e niveau possède une arcature en plein cintre sans baie. Au 3e niveau, se trouve une arcade avec une baie centrale actuellement obturée, soutenue par une colonnade jumelée à chapiteaux primitifs. La flèche du clocher présente une ouverture située à chaque pan, encadrée par deux longues colonnettes et surmontée d’un petit toit en pierre. Elle date probablement du XIIIe siècle.
La chronologie de l’église Notre-Dame
En 1846, Arcisse de Caumont décrit l’église : « La nef est romane, mais des fenêtres percées dans le mur méridional sont modernes, ainsi que le portail de l’ouest. Le chœur, fort court, appartient au style roman. »[1]. Un siècle auparavant, en 1737, le curé écrivait : « lorsque je fis construire la sacristie de Nostre Dame pour faire son entrée dans le sanctuaire, j’ai percé le gâble du chœur et j’ai trouvé dans la garniture plusieurs morceaux de pierre qui avaient servi anciennement d’ogives et d’arcs de voûte. Ce qui me fait (penser) qu’il y avait eu d’ancienneté une église construite au même lieu »[2]. La nef décrite par Arcisse de Caumont était-elle la construction initiale ? A défaut de fouilles archéologiques, il est difficile de répondre.
En 1802, sous la pression des notables de la Basse Allemagne, Notre Dame devient la succursale de la paroisse. Entre 1815 et 1832, c’est le seul lieu de culte de la commune car Saint Martin est jugé trop petite et trop vétuste. En 1865, des travaux importants conduisent à la destruction de la nef et du chœur suivie par la reconstruction d’une nouvelle église. Par chance, le clocher est conservé. Une vingtaine d’années plus tard, en 1887, le conseil municipal décide la fermeture de l’église au culte. Elle est désaffectée ; son mobilier, en partie pillé, est transféré à Saint Martin.
Vers 1890, la nef est louée à l’entreprise Stodel, pour y fabriquer des lanternes vénitiennes. Au tout début du XXe siècle, cette location a cessé et le conseil de la fabrique s’élève contre « les scandaleux abus dont l’ancienne église est depuis trop longtemps le théâtre car, la nuit comme le jour, elle ne sert plus que de refuge aux rôdeurs et de repaire à tous les vices, ce qui est de notoriété publique ».
Lors de la séparation de l’Eglise et de l’Etat après 1905, les deux églises deviennent propriétés communales. En 1913, le clocher est classé monument historique.
En 1933, l’évêque autorise un culte restreint lors d’une messe à 8h chaque premier samedi du mois. Vers 1950, l’église est à nouveau fermée et désaffectée. Elle sert de dépôt pour le matériel de la Fête des Coteaux (longtemps la fête localement réputée du Parti communiste). En 1996, le clocher est échafaudé et restauré dans le respect de l’architecture.
[1] – Arcisse de Caumont, Statistique monumentale du Calvados, vol1, 1846, p.54.
[2] – Archives diocésaines ; registre de la fabrique, 1837.