4 – Coteaux et carrières
Audiodescription réalisée par l’association Accès-Cité
L’Orne, au cours du dernier million d’années, a creusé les plateaux calcaires en formant à Fleury-sur-Orne un versant abrupt. Ces coteaux participent à l’aspect pittoresque du paysage. Ils dominent le fleuve et, en raison de leur forte pente, sont impropres aux cultures. Longtemps, jusqu’au milieu du XXe siècle, ils étaient utilisés pour l’élevage des chèvres et des moutons. Alors, ils étaient peu boisés, ce qui n’est plus le cas actuellement.
Ce relief particulier a favorisé l’accès aux couches calcaires (la pierre de Caen) et le travail des carriers. Cette pierre à bâtir est située approximativement entre 10 et 15 mètres sous le plateau. Les coteaux ont été exploités très tôt à ciel ouvert, probablement dès l’Antiquité. Juste après l’an Mil, les besoins en pierre à bâtir augmentent considérablement. Vers les XIIe-XIIIe siècles, les carriers s’enfoncent sous terre et creusent à partir des coteaux des couloirs quasi horizontaux. Les entrées sont alignées sur plus d’un kilomètre.
Au milieu du XIXe siècle, les couloirs atteignent parfois 300 mètres de longueur, 4 à 6 mètres de hauteur ; la ressource en pierre à partir des coteaux est quasiment épuisée.
Dès le début du XIXe siècle, des champignonnistes s’installent dans les carrières souterraines pour y cultiver les champignons, dits de Paris. Longtemps, ils le font sur des meules, sortes de tas allongés de fumier et de terre. Dans les années 1970, ils utilisent des sacs plastiques pour les cultures et, enfin, des claies métalliques qu’il est possible d’empiler sur plusieurs étages. Les champignons étaient vendus sur place, localement, ou commercialisé dans la région. Vers 2010, l’activité cesse, victime de l’économie moderne où il semble préférable et plus rentable de faire les cultures en Pologne et aux Pays-Bas puis de faire venir la production par camion…
Le Débarquement du 6 juin 1944 est suivi immédiatement par la fuite d’une partie des habitants de Caen vers le sud. Dans les jours qui suivent, les habitants de l’agglomération cherchent des refuges, bien souvent dans les carrières souterraines. Les carrières des coteaux constitue l’un des quatre grands sites-refuges de Fleury-sur-Orne. Dès le 6 juin, les familles s’installent près des entrées ; d’autres arrivent ensuite, obligées d’aller plus loin sous terre. On estime leur nombre entre 8000 et 10 000, en comptant ceux qui ne font qu’y passer un ou deux jours et ceux qui y séjournent cinq à six semaines. A la fin du mois de juin, les Allemands progressivement chassés de Caen s’y abritent et commencent à repousser les réfugiés sous terre. Ils provoquent parfois des évacuations et installent aux entrées de l’artillerie pour tirer sur Carpiquet.
Au début du mois de juillet, un hospice et un hôpital éphémère s’installent ici. Environ 500 vieillards sont transportés, dans des conditions épouvantables. Une cinquantaine y décèdent et sont enterrés dans les galeries. Les religieux et les religieuses ont transportés des lits et toutes sortes de matériel. Il y a même un groupe électrogène.
Que reste-il de leur passage ? Peu de chose, car, après-guerre, les carrières ont de nouveau été utilisées par les champignonnistes. Ils ont besoin de sols lisses et propres ; tout a été soigneusement nettoyé.
Les carrières des coteaux constituent un patrimoine archéologique chargé d’histoire. Comment se présentent elles actuellement ? Longtemps, la présence des champignonnistes avait figé les lieux qui se trouvaient en partie protégés. Leur départ a été suivi de dégradations de toutes sortes : multiples graffitis, pollutions multiples. Des quantités énormes de bâches plastiques ont été abandonnées sur place. Des tas de terre ont été placés devant les entrées pour empêcher les intrusions tout en bloquant la sortie des chiroptères, en théorie protégés.